Les nationalistes s’installent à la tête de la collectivité unique de Corse

Politique

Ce mardi 2 janvier a marqué une date historique en Corse. A plusieurs égards. C’est, d’une part, la réunification des deux départements et de la collectivité territoriale en une collectivité unique, quarante-deux ans après la bidépartementalisation et près de vingt-six ans après le « statut Joxe » de 1991 qui a permis de doter l’île de Beauté d’une Assemblée de Corse et d’un conseil exécutif aux compétences élargies. C’est aussi l’accession aux pleins pouvoirs des nationalistes qui, pour la première fois, disposeront d’une majorité absolue au sein de cette Assemblée.

Pour la coalition dirigée par l’autonomiste Gilles Simeoni, chef de file de Femu a Corsica, allié aux indépendantistes de Corsica libera, avec à leur tête Jean-Guy Talamoni, c’est l’aboutissement d’une longue marche qui les a vus conquérir une à une les responsabilités institutionnelles.

 

Commencée en 2014 lorsque la liste conduite par M. Simeoni parvint à arracher la mairie de Bastia. Concrétisée aux élections territoriales de décembre 2015 qui virent l’alliance nationaliste devenir la principale force politique de l’Assemblée de Corse, même si elle n’y disposait pas de la majorité absolue, et qui permirent à M. Simeoni de prendre la présidence de l’exécutif et à M. Talamoni celle de l’Assemblée. Transformée enfin aux législatives de juin 2017 qui ont envoyé trois députés nationalistes (sur quatre sièges) au Palais-Bourbon.

Objectifs flous

Cette fois, les nationalistes, qui ont obtenu 41 des 63 sièges de la nouvelle Assemblée, héritent des pleines responsabilités à la tête d’une collectivité qui gérera plus de 1 milliard d’euros de budget et près de cinq mille agents. Et qui revendique de nouveaux transferts de compétences.

Discours de Jean-Guy Talamoni devant la nouvelle Assemblée de Corse, à Ajaccio,  le 2 janvier.

Dans la foulée du second tour qui avait consacré leur large victoire, le premier ministre, Edouard Philippe, avait déclaré que la Corse pouvait « constituer un territoire privilégié pour tester et mettre en œuvre le pacte girondin » prôné par Emmanuel Macron. Dès lors que ses élus « prendront des initiatives conformes au cadre constitutionnel », avait-il ajouté, estimant qu’« il y aurait quelque chose de baroque à avoir fait voter une loi transférant des compétences puis à estimer, avant même sa mise en pratique, qu’elle est par nature insuffisante ou exercée de façon insatisfaisante ». Une manière de signifier aux élus corses qu’ils s’emparent d’abord des pouvoirs qui leur ont été transférés avant d’en revendiquer de nouveaux.

Le gouvernement va toutefois devoir engager le dialogue avec le nouveau pouvoir qui s’est installé ce mardi au siège de la collectivité unique, cours Grandval à Ajaccio. « Le moment d’ouvrir un dialogue véritable est venu, déclarait M. Simeoni dans un entretien au Monde au soir du second tour. Les circonstances n’ont jamais été aussi favorables pour un règlement politique par le haut de la question corse. Il ne faut pas laisser passer cette chance. »


Reste néanmoins à définir la nature de ce dialogue et à circonscrire les points sur lesquels il peut se concentrer. Or, sur le plan programmatique, en dehors de déclarations principielles d’ordre très général, les objectifs des nationalistes restent très flous.


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