Le réchauffement climatique a transformé la Suède en terre viticole

Economie

Records de chaleur cet été, hausse de la température moyenne… La Suède est devenue un « bon » pays pour la viticulture.

En cet après-midi du mois de décembre, les paysages de Scanie n’ont jamais autant ressemblé aux décors glacés d’une série nordique. Un vent traître se déchaîne, balayant tout sur son passage et faisant dégringoler le mercure de plusieurs degrés. Dans le ciel, de lourds nuages noirs tourbillonnent. La terre est à nu. Les arbres, dépouillés. Il est 15 heures à peine. Une nuée d’oiseaux s’envole dans un murmure au-dessus d’un champ.

Quel illuminé aurait donc l’audace de venir y planter des vignes ? Et imaginer, un jour peut-être, servir son vin à la table du roi, le 10 décembre, lors du traditionnel dîner des Nobel ? Certes, l’Angleterre a réussi, en quelques décennies à peine, à se faire un nom sur la scène viticole mondiale, au point même que la grande maison Taittinger y achète des terres pour y planter ses pinots noirs, meuniers et chardonnays. Mais la Suède ?

« Un paradis pour la viticulture »

Campé dans ses vignes, au sud de Malmö, à moins d’un kilomètre de la mer, Murat « Murre » Soufrakis n’en démord pas. « La Suède est un vrai paradis pour la viticulture, insiste-t-il. On n’a même pas besoin de traiter le raisin. Nous n’avons ni maladie ni insectes. C’est en partie grâce au climat et à la terre, encore vierge pour ce type de culture. »

Le climat, justement, parlons-en. De mémoire de Vikings, jamais on n’avait autant transpiré que cet été. Des records de chaleur atteints partout et du soleil à ne plus savoir qu’en faire. Vingt nuits tropicales, où le thermomètre n’est pas descendu au-dessous de vingt degrés. Ce n’est pas juste cette année : depuis 1990, la température moyenne en Suède a augmenté d’un degré. Elle devrait croître de deux à six degrés supplémentaires d’ici à la fin du siècle.

Pour les agriculteurs, la surchauffe estivale a été une calamité. Pour les vignerons, une bénédiction. Et la confirmation, s’il en fallait, de ce qu’ils observent depuis des décennies : avec le réchauffement du climat, les frontières de la viticulture remontent vers le nord et incluent désormais le royaume scandinave. A condition de savoir y faire et de ne pas avoir peur de s’épuiser à la tâche.

Murre est tombé dans la cuve quand il avait 18 ans. Un père suédois, une mère turque. A la maison, c’est à peine si on s’autorise un petit verre de madère avec le dessert. Dans la Suède des années 1970, c’est à la bière ou au schnaps qu’on étanche sa soif. En vadrouille en Espagne, le jeune homme découvre la Rioja et son AOC. Une révélation : « Tous ces cépages différents, ces domaines, ces caves. Et, au final, un vin dont on sait immédiatement d’où il provient quand on le goûte. Comme lorsque des gens d’origines différentes, chacun avec sa culture et son accent, se mettent à parler le suédois de Malmö. »


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