La ZAC Bercy-Charenton et ses six gratte-ciel approuvés de justesse au Conseil de Paris

Politique

Six gratte-ciel, 9 000 habitants, 13 000 emplois, un jardin de 2 hectares… La principale opération d’aménagement des dix prochaines années à Paris est lancée. Le Conseil de Paris a voté, lundi 2 juillet, la création de la zone d’aménagement concerté (ZAC) Bercy-Charenton, dans le 12e arrondissement. Un feu vert obtenu de justesse, au terme d’un vif débat et au prix d’une fracturation de la majorité municipale. Les écologistes, alliés de la maire (PS) de Paris Anne Hidalgo, ont voté contre, tout comme les élus de droite et de La France insoumise (LFI). Le projet n’a été approuvé qu’à cinq voix près, grâce au soutien des élus macronistes et communistes.

Gagnée en grande partie sur des friches ferroviaires de la SNCF coincées entre le périphérique et l’échangeur de l’autoroute A4, la ZAC s’étend sur 80 hectares ; 18 hectares seulement sont réellement aménageables, mais cela reste une des dernières grandes emprises foncières de la capitale.

 

L’opération, dessinée par l’architecte britannique Richard Rogers, est d’autant plus ambitieuse qu’elle est prolongée par un aménagement similaire de 12 hectares à Charenton-le-Pont (Val-de-Marne), surplombé par une tour de 190 mètres : l’ensemble ambitionne de créer sur un million de mètres carrés le premier quartier véritablement métropolitain du Grand Paris, effaçant la frontière du périphérique à grand renfort de béton frais.

« Urbanisme délicat »

Si la maire de Paris a vanté un « urbanisme délicat » et a voulu voir dans ce vote une « nouvelle preuve de notre capacité à innover pour l’attractivité de Paris et l’amélioration du cadre de vie des Parisiens », les opposants se sont relayés pour pilonner la « surdensification et la bétonisation » à venir dans un quartier manquant de transports. « Paris étouffe, plein comme un œuf », a pesté David Belliard, le président du groupe écologiste, tandis que Les Républicains ont dénoncé « un urbanisme d’un autre temps ». Danielle Simonnet (LFI) a fustigé « la vision mégalo-urbaine » d’Anne Hidalgo, quand Yann Wehrling (UDI-MoDem) a discerné « quelque chose de phallique dans cette course à la tour ».

L’adjoint à la maire de Paris chargé de l’urbanisme, Jean-Louis Missika, a eu beau rétorquer que « sur Bercy-Charenton, il y aura 11 000 habitants par km2, soit moitié moins que la moyenne parisienne », le retour des tours à Paris reste un sujet inflammable. Les 160 mètres du nouveau palais de justice conçu comme un bâtiment « écologique » par l’architecte Renzo Piano, dans le 17e arrondissement, n’ont visiblement pas converti les ennemis des tours aux vertus de la grande hauteur. Ces derniers soulignent que les gratte-ciel sont des gouffres financiers et des monstres énergivores, peu compatibles avec le plan climat de la capitale.

Création de 10 000 logements chaque année

Mais après des décennies de glaciation, l’équipe d’Anne Hidalgo veut en du verbe finir">finir avec le tabou des tours, et les ériger« comme le signal de nouvelles centralités », indique Jean-Louis Missika. Au total, pas moins d’une douzaine d’immeubles de grande hauteur, hébergeant des bureaux mais aussi des logements, sont en chantier ou programmés dans la capitale.

Un bouquet de tours doit ainsi souligner l’entrée est de Paris. Outre les six gratte-ciel de Bercy, étagés de 85 mètres à 180 mètres de haut, le chantier des tours Duo (180 et 122 mètres), dessinées par Jean Nouvel, a débuté sur la rive d’en face. Dans ce secteur de la porte d’Ivry, où les immeubles de 50 mètres ont déjà commencé à se multiplier, rompant avec le gabarit haussmanien de 37 mètres, la Ville a engagé une consultation pour des projets incluant de nouveaux gratte-ciel.

Au-delà du signal urbain, la hauteur a d’autres vertus : les tours d’habitation sont un moyen pour la Ville de Paris de tenir son objectif de créer 10 000 logements chaque année, dont deux tiers de logements sociaux. Et empiler les étages – et les mètres carrés vendus – est une condition sine qua non pour équilibrer ces opérations d’aménagement, sur un foncier vendu à prix d’or par la SNCF… Avec des immeubles de six étages, l’équation économique serait intenable, assure la Ville, sauf à construire la moindre parcelle, au détriment des parcs et des espaces publics.

Après le vote de lundi, les pelleteuses ne sont pas encore près d’arriver à Bercy-Charenton. Des recours peuvent encore être intentés contre la création de la ZAC, puis contre les permis de construire à venir. Dans le 15e arrondissement, le chantier de la tour Triangle est ainsi bloqué depuis plus de trois ans.


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