La pollution de l’Antiquité romaine retrouvée dans les glaces du Mont-Blanc

Environnement

Jusque dans les glaciers des Alpes, les Romains ont laissé leurs empreintes. Une équipe de chercheurs internationale en a retrouvé les traces liées à l'activité minière et à la production de plomb et d'argent durant l'Antiquité.

 

Dans le massif du Mont-Blanc, les couches les plus profondes du glacier du col du Dôme, datées au carbone 14, ont archivé l'état de l'atmosphère au cours de l'Antiquité romaine. Publiée dans Geophysical Research Letters, leur analyse, menée par une équipe internationale, et coordonnée par des chercheurs du CNRS de l'Institut des géosciences de l'environnement (CNRS/IRD/UGA/Grenoble INP), montre une pollution atmosphérique très significative en métaux toxiques : la présence de plomb et d'antimoine (dont c'est le premier enregistrement dans la glace alpine ancienne) s'avèrent liées à l'activité minière et à la production de plomb et d'argent des Romains, donc bien avant le début de l'ère industrielle.En (a), concentrations en plomb dans la glace du Groenland (bleu) et du col du Dôme (CDD, rouge). En (b), concentrations en plomb (rouge) et antimoine (vert) dans la glace du CDD. Sur l’échelle du bas, l’âge est reporté en années à partir de l’an 1 de notre ère commune (CE) (soit l’an 1 après Jésus-Christ). Les phases de croissance des émissions de plomb ont été accompagnées d’une augmentation simultanée des teneurs de la glace alpine en antimoine, un autre métal toxique. © Insu-CNRS

En (a), concentrations en plomb dans la glace du Groenland (bleu) et du col du Dôme (CDD, rouge). En (b), concentrations en plomb (rouge) et antimoine (vert) dans la glace du CDD. Sur l’échelle du bas, l’âge est reporté en années à partir de l’an 1 de notre ère commune (CE) (soit l’an 1 après Jésus-Christ). Les phases de croissance des émissions de plomb ont été accompagnées d’une augmentation simultanée des teneurs de la glace alpine en antimoine, un autre métal toxique. © Insu-CNRS

Une première étude de la pollution durant l'Antiquité

Bien qu'elle soit moins bien datée qu'au Groenland, l'archive alpine retrace les grandes périodes de prospérité de l'Antiquité romaine (voir ci-dessus figure 1), avec deux maximums d'émission de plomb bien distincts : durant la République (entre 350 et 100 ans av. J.-C.), puis l'Empire (entre 0 et 200 ans apr. J.-C.). Les Romains extrayaient le minerai de plomb argentifère pour produire le plomb nécessaire à la fabrication des conduites d’eau, et l'argent pour la monnaie.

Le procédé de séparation plomb-argent passait par une fusion du minerai à 1.200 °C, ce qui entraînait d'importantes émissions de plomb dans l'atmosphère comme l'avaient déjà montré des archives continentales telles les tourbières, dont il est cependant difficile de déduire une information globale à l'échelle européenne. Cette toute première étude de la pollution durant l'Antiquité à partir de glace alpine permet de mieux évaluer l'impact de ces émissions anciennes sur notre environnement européen et de le comparer notamment à celui de la pollution plus récente liée à l'utilisation de l'essence au plomb dans les années 1950-1985.Simulations qui évaluent la sensibilité du dépôt de plomb au col du Dôme (étoile jaune) à la localisation géographique de l’émission. Cette carte indique également l’emplacement des principales mines connues de l’Antiquité romaine. Pour la région située , environ 500 km autour des Alpes, en bleu celles supposées actives dès la République romaine, et en rouge celles qui le seront plus tard. En dehors de cette zone, toutes les autres mines sont reportées en rouge, quelle que soit l’époque. La glace alpine est donc représentative de l’atmosphère de haute altitude qui est alimentée par les émissions de France, Espagne, Italie, îles du bassin méditerranéen, et dans une moindre mesure d’Allemagne et Angleterre. © Insu-CNRS

Simulations qui évaluent la sensibilité du dépôt de plomb au col du Dôme (étoile jaune) à la localisation géographique de l’émission. Cette carte indique également l’emplacement des principales mines connues de l’Antiquité romaine. Pour la région située , environ 500 km autour des Alpes, en bleu celles supposées actives dès la République romaine, et en rouge celles qui le seront plus tard. En dehors de cette zone, toutes les autres mines sont reportées en rouge, quelle que soit l’époque. La glace alpine est donc représentative de l’atmosphère de haute altitude qui est alimentée par les émissions de France, Espagne, Italie, îles du bassin méditerranéen, et dans une moindre mesure d’Allemagne et Angleterre. © Insu-CNRS


Lire la suite : La pollution de l’Antiquité romaine retrouvée dans les glaces du Mont-Blanc


Facebook Pin It

Articles en Relation

Et si l’écologie, c’était plutôt de rouler avec nos vieilles voitures ? Une Renault 16 garée à Nevers, 2017. La voiture écolo par définition ? crash71100/Flickr, CC BY-NC-ND Et si l’écologie, c’était plutôt de rouler ...
L’histoire peu connue du compost en France : de la chasse à l’engrais à la chass... Image de Freepik Image de Freepik L’histoire peu connue du compost en France : de la chasse à l’engrais à la chasse au déchet Maud ...
Les maladies à tiques, objets de polémiques Tique Ixodes ricinus mâle trouvé dans la Forêt domaniale de Flines-lès-Mortagne (Nord de la France, près de la frontière belge), juillet 2015. Wikimed...
Mobilité : et si on remettait le piéton au milieu du village ? Image de freepik Mobilité : et si on remettait le piéton au milieu du village ? Comment penser une rue où piétons,...
Sardines à l’huile, fondue lyophilisée… ces rituels culinaires qui donnent le go... « La table à la montagne » dans une cascade de glace. Thibault Cattelain Sardines à l’huile, fondue lyophilisée… ces rituels culinaires qui...
Comment le virus Nipah se transmet ou non à l’homme Le virus se transmet par l’exposition à l’urine ou la salive de chauve-souris frugivore du genre Pteropus. Miroslav Srb/Shutterstock Comment le v...

ACTUALITÉS SHOPPING IZIVA