ENVOYE SPECIAL. "Ce sont des dealers de drogue légaux !" : une victime d'un antidouleur à base d'opium raconte sa descente aux enfers

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A la fin des années 1990, Lauren est choisie comme patiente "modèle" pour incarner dans une vidéo promotionnelle les vertus de l'OxyContin, un des antidouleurs à base d'opium qui ont inondé le marché américain, provoquant une grave crise sanitaire. Aujourd'hui, elle témoigne dans "Envoyé spécial".

Lauren Cambra, qui souffrait d'une sciatique, a été choisie à la fin des années 1990 par un laboratoire pharmaceutique pour incarner les vertus de l'OxyContin, un antidouleur à base d'opium. Sur une vidéo publicitaire où elle a accepté de figurer, à la demande de son médecin, on la voit, radieuse, nager avec ses petits-enfants dans sa piscine. Le Dr Spanos apparaît lui aussi dans le film, pour "réfuter la légende selon laquelle les opioïdes conduisent, à terme, à l'addiction et la passivité."

Encouragé par les médecins

Ce film était diffusé dans la salle d'attente de nombreux médecins. Il a été financé intégralement par Purdue Pharma, le laboratoire qui produit l'OxyContin (il a été condamné en 2007 à 634 millions de dollars d'amende pour avoir "désinformé" les médecins). Après une campagne de communication massive, ces pilules ont inondé le marché américain. Présenté comme un médicament miracle, l'OxyContin est, avec d'autres opioïdes, à l'origine d'une des plus graves crises sanitaires qu'aient connues les Etats-Unis. Ce type de médicaments continue à tuer : 72 000 personnes sont mortes d'overdose en 2017.

Des vidéos financées par le laboratoire

"Ils se sont fait des dizaines de millions de dollars grâce à ces vidéos. Ils ont fait ça pour l'argent, par pure avidité ! dénonce Lauren aujourd'hui. Ce sont des dealers de drogue ! Des dealers légaux, mais des dealers. Si demain vous allez chez le médecin et qu'il vous prescrit de l'OxyContin, écoutez-moi : partez en courant !"

Vingt ans plus tard, Lauren Cambra est la seule patiente apparaissant dans cette vidéo promotionnelle qui ait survécu et accepté d'en parler. Elle avait toujours refusé de se confier à des journalistes. L'histoire qu'elle raconte à "Envoyé spécial" est faite de douleur et de honte.

Au début, l'OxyContin soulage les douleurs dues à sa sciatique de manière miraculeuse. Mais très vite, les effets s'estompent, et il faut augmenter la dose. Cela provoque une somnolence, des absences. Lauren perd son emploi, son assurance, et ne peut plus se payer les pilules.

"J'étais pratiquement SDF"

"Et là, confie-t-elle, ç'a été le début de… oh, mon Dieu ! C'est là que j'ai compris à quel point cette pilule était addictive. Parce que j'ai arrêté de la prendre. Et là… Oh là là… j'ai tenu douze heures, quatorze heures, seize heures… et j'étais à l'agonie. Mon corps n'en pouvait plus. Je hurlais sur tout le monde, c'était horrible. Je n'ai même pas tenu une journée."

Commence alors pour Lauren une véritable descente aux enfers. "J'ai pris l'argent prévu pour mon crédit voiture, et je suis allée m'acheter mes pilules. Ça, c'était le premier mois. Ensuite, j'ai pris l'argent prévu pour la voiture, pour le crédit de la maison, la nourriture… pour mes pilules. Et au final, j'ai tout perdu : ma voiture, ma maison… J'étais pratiquement SDF."

Extrait de "Antidouleurs : l'Amérique dévastée", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 21 février 2019.


Source : ENVOYE SPECIAL. "Ce sont des dealers de drogue légaux !" : une victime d'un antidouleur à base d'opium raconte sa descente aux enfers


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