Sexe : ce que le retrait fait aux mecs

Santé

De plus en plus de jeunes gens arrêtent les contraceptions médicalisées pour revenir aux vieilles recettes. Ils racontent. Comment les hommes le vivent aussi.

"J’étais la première de mes copines à me mettre au retrait, il y a cinq ans. Maintenant, tout mon cercle d’amies le fait. C’est un entre-soi confortable."

Lucie, 26 ans, "Parisienne bobo” en couple stable fait partie de ces Françaises, de plus en plus nombreuses, à revenir aux contraceptions "non médicalisées" ou "naturelles". Les pratiquants du retrait ont augmenté de 3,4% entre 2010 et 2013 [PDF] selon les chiffres les plus récents, de l’Ined.

Etudiante en sociologie, elle a arrêté la pilule en questionnant "le fait de prendre un médicament tous les jours".

Je constatais des troubles de l’humeur et j’avais peur des effets des hormones, avérés ou pas."

Après la crise de 2013 mettant en cause les pilules de 3e et 4e génération, une femme sur cinq a changé de méthode contraceptive.

Cette rentrée, un livre-choc, "J’arrête la pilule", s’engouffre dans la brèche du soupçon. La journaliste Sabrina Debusquat y accuse le contraceptif de "tuer plus que les violences conjugales" (ce qui est évidemment faux).

Mais le livre fait parler, et les gynécos sont aux abois. Leur principale peur ? Le retour en force du grand méchant retrait, justement. Delphine Hudry, gynécologue à Dijon, explique que "c’est dramatique si ça pousse les femmes à se tourner vers des méthodes moyenâgeuses." Et pas fiables, mais nous y reviendrons.

Charge contraceptive partagée

Certains y trouvent leur compte.

Une des motivations sous-jacentes du retrait est peu documentée : partager la charge contraceptive, parfois lourde à porter.

"Souvent, les médecins portent un discours infantilisant et culpabilisant. On tombe dans des injonctions permanentes : faire des enfants, réduire le nombre d’avortements, réussir sa contraception, etc. On touche à la question du contrôle du corps des femmes", déplore Véronique Séhier, du Planning.

Bref, la contraception aurait libéré la femme, mais qui nous libère de la contraception ?

Si le livre de Debusquat est contesté, il parle à l’expérience de plus en plus de femmes qui ne voient plus la contraception comme une libération. Car c’est encore à elles de subir des examens gynécos, les effets secondaires et la charge mentale -- que le mec qui achète le contraceptif de sa copine et lui rappelle de le prendre nous contacte, on veut faire son portrait.

D’après Véronique Séhier, "la France est un des pays où les hommes s’impliquent le moins dans la contraception, où il y a le plus faible taux, aussi, de vasectomie". 

Un problème d’éducation à la sexualité, explique-t-elle.

"J'éjacule quand je veux"

Julia, 32 ans, a ainsi choisi le retrait il y a quatre ans pour vivre avec son compagnon "une sexualité ou les deux partenaires sont responsabilisés face au risque de grossesse". Ça lui semble important "d'impliquer (son) compagnon" dans le processus.

Mais elle ne l’aurait pas fait "plus jeune ou hors couple stable". Ils avaient d'ailleurs envie d'enfant et elle est tombé enceinte deux fois, volontairement.

Même si le retrait peut être contraignant pour les hommes, il les valorise, aussi. D’abord parce que la maîtrise de leur corps garantit la réussite de la technique. Michel, étudiant en art de 27 ans, adepte du retrait pendant un an avec son ex se dit  "assez confiant" :

"Je connais bien mon corps et je suis responsable."

"Je peux durer et éjaculer un peu quand je veux", lance-t-il, bravache "et le retrait m’y a aussi aidé". Bref, si on pratique le retrait, c’est que le spectre de l’adolescent qui éjaculait un peu trop vite est bien loin...

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