Retraites : « Augmenter les ressources plutôt qu’abaisser les pensions »

Politique

Le gouvernement affirme sa volonté d’équilibrer le système de retraite en réduisant les pensions ou allongeant la durée de cotisations, alors que d’autres pistes existent : augmenter les salaires et la participation des femmes à l’emploi, observe dans une tribune au « Monde » Christiane Marty, membre d’Attac et de la Fondation Copernic.

Tribune. Alors que la question de l’équilibre financier des retraites était, à en croire la communication du gouvernement, absente des motivations de la future réforme présentée au nom de l’équité, Emmanuel Macron a indiqué le 3 octobre à Rodez que « le nouveau système devra commencer équilibré ». Ce qui annonce des mesures d’économie avant même la mise en place de la réforme. Il a rappelé l’alternative classiquement énoncée pour assurer cet équilibre.

Elle consisterait à arbitrer entre trois leviers : augmenter les cotisations des actifs, baisser les pensions des retraités ou allonger la durée de cotisation. Il s’agirait donc simplement de choisir entre pénaliser les actifs ou les retraités. Alternative très réductrice, qui masque des leviers positifs possibles !

L’équation de base est simple : les ressources provenant du montant des cotisations (dépendant du nombre de cotisants, du salaire moyen et du taux de cotisation) doivent couvrir les dépenses de pensions (dépendant du nombre de retraité-es et de la pension moyenne). On peut donc envisager de jouer sur chacun des paramètres. Mais, l’objectif du gouvernement étant de diminuer les dépenses, la voie officielle se limite à allonger la durée de cotisation ou à reculer l’âge de départ.

La France championne d’Europe du versement de dividendes

Les deux mesures reviennent au fond à peu près au même, puisqu’elles aboutissent à réduire le nombre de personnes liquidant leur retraite – car elles ne réunissent plus les conditions - ou à réduire le montant de la pension pour les personnes qui liquident bien que n’ayant pas la durée exigée. Il existe pourtant des leviers qui privilégient l’amélioration des ressources des caisses, mais ils sont systématiquement occultés dans la communication du gouvernement.

En premier lieu, une augmentation des salaires entraînerait mécaniquement la hausse des recettes de cotisation. Ce n’est pas irréaliste si l’on se rappelle que, dans le partage de la richesse produite entre salaires et profits, la part des salaires a perdu environ 7 points de PIB par rapport au début des années 1980 ; à l’inverse, les dividendes distribués ont démesurément augmenté.

La France est même championne d’Europe du versement de dividendes. Il y a donc de réelles marges de progrès pour rétablir un meilleur partage en faveur de la masse salariale. De même, mettre en œuvre une politique volontariste pour l’égalité salariale entre les femmes et les hommes est, outre une exigence sociétale, un levier efficace pour accroître le volume des ressources de cotisations.


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