A Lyon, les encombrants époux Collomb

Politique

Le retour dans son fauteuil de maire de l’ancien ministre de l’intérieur et la mainmise de sa femme sur la section rhodanienne de La République en marche font grincer des dents.

Du carrelage blanc, un canapé noir et, contre le mur, un piano. Quelques photos – son épouse, ses filles – réchauffent le décor trop neutre. Seule, sur un meuble, traîne une marionnette du théâtre de Guignol. Et tout de suite, on reconnaît ce long nez et ce menton pointu : la tête de Gérard Collomb en carton bouilli surmontant une toge noire de clerc, comme affaissée sur elle-même.

« Vous n’aurez qu’à passer chez moi, comme cela vous verrez mon univers », a proposé, quelques heures plus tôt, le maire de Lyon. Dans cet appartement, au rez-de-chaussée d’un immeuble neuf et sans charme, sur les hauteurs de la ville, Gérard Collomb paraît plus à son aise que dans les méandres du ministère de l’intérieur. Place Beauvau, il semblait ne jamais tout à fait maîtriser les codes et les rapports de force. Dans sa ville, dont il est le maire depuis dix-huit ans, il ne peut pas faire dix pas sans qu’on lui demande un selfie.

Son épouse, Caroline Rougé, n’est pas là, mais il n’est pas difficile de comprendre qu’elle plane sur toutes les conversations politiques. Juste après l’élection d’Emmanuel Macron, ardemment soutenu par le couple, cette juge au tribunal administratif et « référente » de La République en marche (LRM) dans le Rhône, avait tenté de dissuader son mari d’accepter un portefeuille ministériel. « Le soir de la victoire, elle expliquait partout qu’il préférerait rester à Lyon plutôt que de choisir cet exil à Paris », assure un ami du couple. « “Tu seras malheureux, tu n’auras pas les codes”, me disait-elle », soupire Gérard Collomb. Depuis, aucun de ses proches ne doute qu’elle fût derrière sa démission brutale, le 2 octobre. Et c’est sur elle que pleuvent les critiques que l’on n’ose pas faire à son mari…

Les rancœurs battent toujours à gauche

Leurs vingt-neuf ans d’écart, le caractère déterminé et tranchant de cette quadragénaire ont eu vite fait de brosser une forme de caricature qu’elle ne dément pas. Sur elle, on a tout entendu. A la fois les attaques habituellement réservées aux femmes et celles lancées contre les intrigants du pouvoir. « C’est tellement facile de me faire porter toutes les responsabilités. Et puis une femme, jeune de surcroît, est le bouc émissaire idéal », répond-elle par texto en refusant tout entretien.

« C’est le retour de l’enfant prodigue ! », avait proclamé Gérard Collomb en débarquant à la gare de la Part-Dieu après sa démission du ministère de l’intérieur. L’annonce qu’il briguerait bientôt la présidence de la métropole lyonnaise et que son épouse pourrait figurer sur les listes municipales a figé les rangs de ses supporteurs. A Lyon, la beauté et le dynamisme de la ville, ses nouveaux quartiers, l’afflux d’entreprises et d’étudiants, en un mot la réussite du maire, sont reconnus jusque chez ses adversaires. Mais l’époque est terminée où l’on pouvait partir puis revenir comme en terrain conquis. Et puis, est-il vraiment « nouveau monde », ce couple qui entend reprendre le contrôle de Lyon et de sa métropole avec les vieilles ficelles du pouvoir ?


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