Mon idée pour la France : « Un “préférendum” plutôt qu’un référendum »

Politique

« Le Monde » a demandé à des contributeurs de tous horizons de proposer, chaque jour, une idée pour changer la France. Les membres de l’association « Mieux voter » expliquent l’importance pour un véritable référendum de la préparation des questions posées.

Tribune. La création d’un référendum d’initiative citoyenne (RIC) a émergé comme une revendication phare des « gilets jaunes », pour permettre de révoquer des élus, de proposer et d’abroger une loi, ou de modifier la Constitution. Passionnément commenté dans le débat public, le RIC dérange et ravive la tension entre la démocratie représentative et la démocratie directe. Nombreux sont ceux qui s’inquiètent des risques de dérive autoritaire d’un instrument de consultation populaire hautement manipulable et otage de l’affect des « foules ».

Les reproches faits au référendum sont en partie fondés. Sa logique binaire, « oui » ou « non », peut engendrer une polarisation excessive et nocive de l’électorat. A l’heure des « fake news » et des réseaux sociaux, elle rend aussi les campagnes référendaires plus vulnérables vis-à-vis des manipulations massives. D’autre part, s’il a le mérite de clore la discussion, le référendum peut paradoxalement devenir embarrassant pour la démocratie quand, par sa tournure définitive et tranchante, il gêne la suite du débat public. Si le référendum n’est pas l’outil miracle pour refonder la démocratie, alors que faire ?

Un usage encadré

Quels que soient les risques associés au référendum, aucun d’entre eux n’est insurmontable si son usage est encadré. Et si beaucoup a été dit sur la nécessité d’organiser la délibération collective autour du référendum, rien n’a été imaginé quant aux modalités du vote lui-même. Or, ce point est capital. Le référendum, des citoyens ou des élus, pourrait prendre une tout autre tournure et devenir un outil de pacification et de construction du consensus s’il pouvait être pratiqué avec « le jugement majoritaire », une méthode qui permet aux électeurs d’évaluer les différentes options soumises au vote plutôt que de dire « oui » ou « non ».

Plus question de logique binaire et réductrice : il s’agirait d’évaluer un ensemble d’options alternatives soumises au référendum, à l’aide des fameuses mentions prévues par le jugement majoritaire (« excellent », « bien », « passable », « insuffisant », « à rejeter »). La délibération en amont du référendum en serait profondément transformée et moins sujette aux phénomènes de polarisation excessive de l’opinion et de manipulation. La votation référendaire donnerait une image claire de l’état de l’opinion sur une question donnée, dans toutes ses nuances.


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