Les ruptures conventionnelles au plus haut en 2018

Economie

Instaurée en 2008, sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, cette procédure de divorce à l’amiable entre employeurs et salariés suscite des critiques.

Année après année, les records n’en finissent pas de tomber. En 2018, le nombre de ruptures conventionnelles individuelles a été légèrement supérieur à 437 000, soit une hausse de 3,9 % en douze mois, selon les données diffusées, lundi 11 février, par la Dares, la direction des études du ministère du travail. Ce dispositif, qui donne la possibilité à un employeur et à un salarié en CDI de se séparer d’un commun accord, n’a jamais été autant utilisé depuis sa création, en 2008.

La nouvelle augmentation relevée l’an passé, qui s’inscrit dans une tendance quasi ininterrompue, « n’est pas une surprise », commente Jean-Paul Charlez, le président de l’Association nationale des DRH. A ses yeux, elle confirme que la procédure instaurée sous le quinquennat Sarkozy permet de mettre fin à la relation de travail dans un climat « apaisé ».

Le Monde

Jadis, l’une des pratiques très en vogue consistait à conclure une transaction : pour rompre un CDI de façon négociée, les parties en présence s’entendaient sur des concessions réciproques (par exemple, l’octroi d’une indemnité par l’entreprise en contrepartie de l’engagement du salarié de ne pas saisir les prud’hommes). Mais de telles tentatives d’arrangement dégénéraient régulièrement en contentieux.

La rupture conventionnelle, elle, est « sécurisée juridiquement », note Raphaël Dalmasso, maître de conférences en droit privé à l’université de Lorraine : homologation du compromis par l’administration, montant minimal pour le dédommagement… En outre, la personne qui s’en va est éligible à l’assurance-chômage. « C’est un système assez équilibré, qui convient bien aux deux parties. Elles ont intégré le fait qu’il n’y avait aucun risque », complète M. Dalmasso.

Un autre facteur, de nature « conjoncturelle », a pesé : « L’amélioration de la situation du marché du travail », affirme Gilbert Cette, professeur d’économie associé à l’université d’Aix-Marseille. Les personnes sont d’autant plus enclines à quitter leur activité, par le biais d’une rupture conventionnelle, que les offres d’emploi s’avèrent aujourd’hui relativement abondantes. « C’est une très bonne chose », poursuit-il, car cette forme de divorce par consentement mutuel facilite les changements de trajectoire professionnelle.

Le Monde

Coût pour la collectivité

Le dispositif « répond à une nécessité », confie Michel Beaugas (FO). Auparavant, rappelle-t-il, bon nombre de travailleurs n’avaient bien souvent pas d’autres choix que de démissionner, voire d’abandonner leur poste et d’être licenciés pour faute, s’ils souhaitaient mettre un terme à leur CDI de manière anticipée. Les règles adoptées en 2008 ont donc le mérite d’accorder des droits aux salariés, observe Michel Beaugas.


Lire la suite : Les ruptures conventionnelles au plus haut en 2018


Facebook Pin It

Articles en Relation

Prix planchers dans l’agriculture : producteurs et consommateurs pourraient bien... Image de freepik Prix planchers dans l’agriculture : producteurs et consommateurs pourraient bien y perdre Jean-Marie Cardebat, Univers...
Réseaux sociaux : le pouvoir insoupçonné des influenceurs sur notre santé Le médecin Michel Cymes compte aujourd’hui 140 000 followers sur Instagram et 371 800 sur TikTok. Wikimedia commons, CC BY-SA Réseaux...
Tempête économique sur le rugby professionnel anglais Le club des London Wasp, dont Raphaël Ibañez, actuel manager général de l'équipe de France, a porté les couleurs entre 2005 et 2009, a été placé en re...
À Noël, des cadeaux de seconde main sous le sapin ? À Noël, des cadeaux de seconde main sous le sapin ? Elodie Juge, Université de Lille; Eva Cerio, Université d'Angers; Isabelle Collin-Lachaud...
Le retour des trains de nuit se fait-il sur de bons rails ? Photo de Tom Grünbauer sur Unsplash Le retour des trains de nuit se fait-il sur de bons rails ? Guillaume Carrouet, Université de Perpigna...
Sommes-nous prêts à confier nos décisions d’achat à une IA ? Image de freepik Sommes-nous prêts à confier nos décisions d’achat à une IA ? Patricia Rossi, SKEMA Business School et Mariyani Ah...

ACTUALITÉS SHOPPING IZIVA