« Le numérique d’aujourd’hui n’est pas adapté au monde qui vient »

Economie

Un collectif d’acteurs français du Net propose, dans une tribune au « Monde », de lancer un mouvement vers un numérique plus équitable, plus émancipateur, plus attentif aux libertés et plus soucieux des enjeux écologiques.

Tribune. Le numérique est sur la sellette. Il soulève des questions de confiance et de libertés, de pouvoir politique et économique, d’empreinte écologique : infox, marchandisation et exploitation abusive de nos données personnelles, consommation énergétique considérable, centralisation des pouvoirs par un petit nombre d’acteurs…

Pourtant, à ses débuts, le numérique était porteur de grandes promesses : réinventer la démocratie, partager les connaissances, émanciper les individus, moderniser l’économie et l’action publique. Pourtant, nombre de ses acteurs sont restés fidèles à la vision d’origine.

Mais quelque chose a dérapé.

A force de pointer les « impacts du numérique sur... » (l’éducation, les territoires, le travail, les organisations…), nous avons intégré un « fatalisme numérique ». Des pans entiers de la société cherchent comment s’adapter à cette révolution subie. Nous avons perdu de vue que la conception même des systèmes numériques était porteuse de choix, d’intentions.

Une technique aveugle

Acteurs du numérique, chercheurs, responsables d’entreprises, d’associations, d’organisations publiques, nous pensons qu’il est temps de décrire à nouveau le numérique que nous voulons, pour pouvoir repartir dans le bon sens. « Réinitialiser le numérique », pour le rendre plus sobre, plus humain et plus propice à l’innovation. En un mot, d’appuyer sur le bouton « RESET ».

C’est ce que nous proposons d’engager dès aujourd’hui.

Pourquoi maintenant ? Parce que le numérique est à un moment particulier de son histoire, il est devenu l’affaire de toute la société, mettant sous tension la politique, l’économie, nos vies quotidiennes, nos territoires. Il y a certes longtemps que les technologies d’information soulèvent de tels enjeux. Ce qui est nouveau, c’est que ces outils sont désormais aux mains du plus grand nombre et que, simultanément, des géants concentrent, à un niveau sans précédent, une part déterminante des ressources, des données, des revenus et des pouvoirs.

Mais aussi parce que le numérique d’aujourd’hui n’est pas adapté au monde qui vient. Oui, le numérique peut contribuer à changer le monde, mais entendons-nous sur le sens des changements que nous voulons. Les équilibres mondiaux vacillent, les menaces se multiplient. Le numérique qui nous est proposé est trop souvent celui d’une technique aveugle qui aurait réponse à tout. Est-il si robuste et inattaquable ? Prend-il assez en compte l’investissement humain, les talents et les compétences ? Est-il encore ouvert et propice à l’innovation, à la transformation ? Est-il assez sobre, assez réparable, assez résilient pour les temps de crise ? En avons-nous, collectivement, la maîtrise nécessaire ? Il est temps d’œuvrer à un numérique dont nous serions les acteurs et qui répondrait aux grands enjeux de notre monde commun.


Lire la suite : « Le numérique d’aujourd’hui n’est pas adapté au monde qui vient »


Facebook Pin It

Articles en Relation

Entrepreneurs, comment exister sur LinkedIn ? Briller sur les réseaux sociaux peut être décisif pour installer son entreprise. Blogtrepreneur / Wikimedia commons, CC BY-SA Entrepreneurs, co...
Réseaux sociaux : le pouvoir insoupçonné des influenceurs sur notre santé Le médecin Michel Cymes compte aujourd’hui 140 000 followers sur Instagram et 371 800 sur TikTok. Wikimedia commons, CC BY-SA Réseaux...
Automobile : l’essor du SUV, un choix avant tout politique Image de azerbaijan_stockers sur Freepik Automobile : l’essor du SUV, un choix avant tout politique En 2019, plus ...

ACTUALITÉS SHOPPING IZIVA