La peste aurait décimé les Européens au néolithique

Santé

En Suède, des chercheurs ont trouvé un bacille de la peste sur les restes d'une femme décédée il y a environ 5.000 ans. La présence de cette bactérie pourrait coïncider avec le déclin de certaines colonies européennes, où le manque d’hygiène et la surpopulation ont pu favoriser des épidémies.

Pendant la préhistoire, le développement de l’agriculture a permis une expansion démographique, qui s’est accompagnée d'innovations technologiques : la métallurgie, la roue, la poterie… Des réseaux commerciaux se sont mis en place. La densité de population a augmenté, donnant naissance à de grosses « agglomérations » qui pouvaient compter 10.000 à 20.000 personnes. Ces sociétés proto-urbaines étaient présentes par exemple dans la culture Cucuteni-Trypillia il y a 5.000 à 6.800 ans, qui s’étendait des Carpates, en Roumanie, à l’ouest de l’Ukraine. Sur ces sites archéologiques, on trouve des signes d’une spécialisation des métiers et d’une proximité entre hommes et animaux. Mais cet environnement, avec de mauvaises conditions d’hygiène, était aussi un terrain propice à la propagation des épidémies.

Ces méga-colonies n’ont pas duré longtemps et étaient régulièrement abandonnées et brûlées. Il y a 5.400 ans environ, elles n’ont plus été reconstruites, pour des raisons mal connues. Cette période de déclin, qui a touché différentes cultures en Europe au Néolithique, pourrait s’expliquer par différentes hypothèses : une surexploitation de l’environnement, l’arrivée de populations des steppes d’Eurasie, mais aussi des maladies infectieuses, une hypothèse plausible étant donné que des habitations ont été massivement brûlées et abandonnées.

Et si ces populations avaient été décimées par l'une des bactéries les plus mortelles pour l'homme, à savoir la peste ? Pour mieux connaître l'histoire de Yersinia pestis, le bacille de la peste, des scientifiques français, suédois et danois, ont cherché des séquences proches de celle de la bactérie actuelle dans des ADN anciens. Leurs résultats paraissent dans Cell.

La peste se serait répandue par les voies commerciales

Dans le matériel génétique d’une femme décédée il y a 4.900 ans en Suède, les chercheurs ont trouvé une souche inconnue de Yersinia pestis. Cette femme de 20 ans aurait pu mourir de la peste. Un autre individu provenant du même site mortuaire présentait lui aussi des traces de peste.

La souche identifiée, la plus ancienne jamais décrite, aurait divergé des autres souches il y a environ 5.700 ans. Cela signifie qu’il y avait probablement plusieurs souches de peste en circulation dans cette période du Néolithique. Or, il y a 5.000 ans, des migrations en provenance des steppes eurasiennes se sont dirigées vers l’Europe. Certains chercheurs ont suggéré que ces « envahisseurs » auraient apporté la peste. Mais si la souche ancienne de peste a divergé des autres, il y a 5.700 ans, cela signifie que les populations européennes étaient probablement déjà en train de décliner, avant ces migrations. La femme décédée n’avait pas un profil génétique indiquant qu’elle venait d’Eurasie et il n’y avait pas de traces d’invasion à cette époque en Suède. La peste pourrait avoir contribué au déclin de certaines populations.

On peut donc imaginer que lorsque la peste s’est répandue dans les colonies où la densité de population était élevée, les gens sont morts et ces colonies ont été abandonnées et détruites. D’après Simon Rasmussen, chercheur à l’université de Copenhague, « c'est exactement ce qui a été observé dans ces colonies, il y a 5.500 ans. La peste aurait également commencé à migrer le long de toutes les routes commerciales rendues possibles par le transport à roues qui s'est rapidement développé en Europe au cours de cette période. »

Ce qu'il faut retenir
  • Des chercheurs ont trouvé la séquence d'un bacille de la peste dans l’ADN provenant d’une femme décédée en Suède il y a près de 5.000 ans.
  • C’est la plus ancienne souche de peste identifiée.
  • Des épidémies ont pu décimer des populations du Néolithique dans des méga-colonies où la densité de population était propice aux infections.

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