La couche d'ozone est menacée par le chloroforme

Environnement

Alors que l'on pensait avoir réglé le problème de la couche d'ozone avec le protocole de Montréal bannissant les CFC, voilà qu'une nouvelle catégorie de gaz vient s'ajouter à la liste des menaces. Les émissions en forte hausse de chloroforme pourraient ainsi retarder la reconstruction de huit ans.

En novembre dernier, les Nations unies nous annonçaient une bonne nouvelle concernant la couche d'ozone. D'après les experts, celle-ci se reconstitue au rythme de 1 % à 3 % par an, laissant envisager un retour à son niveau d'avant les années 1980 d'ici la décennie 2030 dans l'hémisphère Nord et 2050 dans l'hémisphère Sud. Ceci grâce au protocole de Montréal, interdisant la production de gaz CFC et HCFC, principaux responsables de la destruction de cette couche protectrice de la stratosphère.

Mais voilà qu'une nouvelle menace vient planer sur l'ozone : le chloroforme. Un gaz incolore, issu notamment de la fabrication du Téflon ou produit involontairement lors de la désinfection de l'eau par des procédés au chlore. Une nouvelle étude du MIT, publiée dans Nature Geoscience, montre ainsi une augmentation inquiétante des émissions de chloroforme dans l'atmosphère qui pourrait retarder la reconstruction de la couche d'ozone, jusqu'à huit ans, si la hausse perdure à son rythme actuel.

Une durée de vie courte… mais des émissions qui bondissent

Le chloroforme est déjà connu pour ses effets sur l'ozone. Mais jusqu'ici, sa durée de vie dans l'atmosphère (environ cinq mois) était considérée comme trop faible pour avoir un impact significatif (par comparaison, les CFC peuvent avoir une durée de vie de 100 ans). Il avait donc été exclu du protocole de Montréal comme d'autres VSLS (very short lived susbtances). « Mais alors que les composés à longue durée sont en recul, la reconstruction de la couche d'ozone pourrait être retardée par ceux à faible durée de vie ; et ils sont très nombreux », avance Ronald Prinn, coauteur de l'étude et professeur en science atmosphérique au MIT.

Les émissions de chloroforme enregistrées à la station de Gosan, Corée du Sud. La source de ces émissions se situerait en réalité en Chine, où sont concentrées les zones industrielles qui génèrent ce gaz. © MIT

Les émissions de chloroforme enregistrées à la station de Gosan, Corée du Sud. La source de ces émissions se situerait en réalité en Chine, où sont concentrées les zones industrielles qui génèrent ce gaz. © MIT

Des émissions qui proviennent de l’est de la Chine

Les chercheurs se sont basés sur les mesures de 13 stations du réseau Agage (Advanced Global Atmospheric Gases Experiment), qui mesurent depuis 1978 la composition précise de l'atmosphère en une cinquantaine de gaz à effet de serre et de déplétion de l'ozone. Ils ont ainsi constaté une brutale augmentation des émissions de chloroforme entre 2010 et 2015, passant de 270.000 tonnes par an durant la décennie précédente à 324.000 tonnes en 2015. Deux stations en particulier se distinguent par leurs hausses : une au Japon et une autre en Corée du Sud. En modélisant les flux atmosphériques, les chercheurs ont pu conclure que le coupable des émissions se situait en réalité à l'est de la Chine. « Cela correspond avec les emplacements des usines de fabrication de chloroforme et d'autres zones industrielles », confirme Xuekun Fang, le principal auteur de l'article. Cette provenance n'est pas anodine, car la région est particulièrement soumise à la mousson et aux typhons, ce qui aggrave la dispersion du chloroforme dans la stratosphère, où il va se dégrader en chlore qui détruit l'ozone sous l'effet des UV.

En 2017, une étude de l'université de Lancaster avait pointé du doigt le dichlorométhane, un autre gaz à durée de vie courte, comme nouveau danger potentiel pour la couche d'ozone. Plusieurs chercheurs réclament donc un amendement au protocole de Montréal pour interdire les VSLS. « Notre étude montre en tout cas que le combat pour la préservation de la couche d'ozone n'est pas terminé », met en garde Ronald Prinn.

Ce qu'il faut retenir
  • Les émissions de chloroforme ont augmenté de 20 % entre la décennie 2000-2010 et 2015.
  • La Chine est responsable de la quasi-totalité de cette hausse.
  • Le chloroforme, comme d’autres gaz à durée de vie courte, n’est pas inclus dans le protocole de Montréal.

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