« Gilets jaunes » : l’exécutif scrute le front de la colère

Politique

L’appel à bloquer les routes, le samedi 17 novembre, inquiète l’Elysée qui redoute une coagulation des revendications.

C’est un mouvement aux contours inconnus. Sans leader, sans encadrement syndical ni politique, même s’il a reçu de nombreux soutiens des oppositions, notamment du Rassemblement national, de La France insoumise ou du PS. Parce qu’il est difficile d’en appréhender la portée, l’appel des « gilets jaunes » à bloquer les routes de France le 17 novembre inquiète l’Elysée. « Je me méfie toujours de ces mouvements où on mélange tout », a confié Emmanuel Macron, vendredi 9 novembre, dans un café à Bully-les-Mines (Pas-de-Calais), lors de son « itinérance mémorielle » pour commémorer le centenaire de la Grande Guerre.

Lors de ce périple dans l’est et le nord de la France, la semaine dernière, le président a eu un aperçu de la grogne protéiforme de ses concitoyens. Depuis un mois, ils sont de plus en plus nombreux à mettre leur gilet de sécurité derrière leur pare-brise pour signifier leur mécontentement. A Verdun, à Charleville-Mézières, à Arras, à Pont-à-Mousson, à Albert, le président de la République a essuyé leurs récriminations sur le pouvoir d’achat, la hausse des taxes sur le diesel ou encore la baisse des retraites. « Il faut aller au contact de la colère », a commenté le chef.

A l’image de ces Français qu’Emmanuel Macron a croisés, les revendications des « gilets jaunes », initialement centrées sur la flambée des carburants, expriment désormais un « ras-le-bol » plus général, comme on peut le voir sur les pages Facebook créées pour organiser la journée. A Paris, les organisateurs ne veulent d’ailleurs plus se contenter de paralyser le périphérique et parlent d’« aller à l’Elysée ».

« Il faut tenir bon »

A bien des égards, cette mobilisation rappelle le mouvement des « bonnets rouges », qui avait fait plier François Hollande sur l’écotaxe, en 2013. Un souvenir bien présent à l’esprit de l’actuel chef de l’Etat. Ce dernier n’a donc pas attendu le 17 novembre pour réagir. « J’ai demandé au gouvernement de prendre des mesures », a-t-il annoncé, dès le 6 novembre, sur Europe 1 en évoquant les ménages les plus modestes. Ces annonces devraient être dévoilées cette semaine, avant la journée de mobilisation. D’habitude, le chef de l’Etat, autoproclamé « maître des horloges », déteste réagir sous la pression. Sa réaction montre qu’il prend très au sérieux ce mouvement. Edouard Philippe devrait par ailleurs s’exprimer dans les prochains jours pour faire une nouvelle fois la pédagogie de l’action gouvernementale. Le parti a aussi été mis à contribution pour évaluer le degré de la colère. Depuis quelques jours, La République en marche (LRM) consulte ses représentants sur le terrain. « On a demandé à nos référents de nous dire comment ils sentent les choses. C’est un coup de sonde », affirme un membre du parti présidentiel.


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