« Gilets jaunes » : les propositions des députés de la majorité pour sortir de la crise

Politique

De plus en plus d’élus de La République en marche se disent favorables à un moratoire sur les taxes et regrettent que l’exécutif ne soit pas davantage « à l’écoute ».

Tourmentés par la crise des « gilets jaunes », les députés de La République en marche (LRM) multiplient depuis plusieurs jours les propositions pour sortir de la crise. Après les violences du samedi 1er décembre à Paris, ils sont de plus en plus nombreux à demander un moratoire sur les hausses de taxes, et en particulier sur la taxe des carburants.

Le député LRM de Gironde, Florent Boudié, y est favorable. « Je partage l’idée de plusieurs de mes collègues d’un moratoire fiscal, en particulier sur la taxe carbone », déclare-t-il au Monde. Mais pour lui, cette réponse n’est pas suffisante. « Depuis samedi, le mouvement des gilets jaunes est entré dans une nouvelle dimension. Il faut y apporter une réponse forte et rapide : un blast politique, social et peut-être même institutionnel. Il y a urgence à répondre à la violence, mais la réponse ne peut pas se borner à être placée sur le plan de la sécurité publique. »

« La question n’est plus seulement celle de la fiscalité écologique, mais plus largement celle de la relation entre nos concitoyens et leurs représentants. Il y a des pistes à travailler, notamment dans le cadre de la révision constitutionnelle que nous avions proposée », poursuit l’élu de Gironde.

Edouard Philippe dans le viseur

Son collègue député de Paris, Sylvain Maillard, estime, pour sa part, qu’il faut que « la négociation s’instaure avec les “gilets jaunes” sans préjuger de l’issue », explique-t-il au Monde. Il se félicite que dans Le Journal du dimanche, des représentants des « gilets jaunes » se soient dits prêts à échanger avec l’exécutif. Pour M. Maillard, dans cette négociation, « tout doit être ouvert ». Sur le plateau de LCI samedi soir, il avait évoqué lui aussi un moratoire sur les taxes, et « pourquoi pas une hausse du smic ». « Ce que nous disent les gilets jaunes”, c’est : je n’arrive pas à boucler mes fins de mois», insiste-t-il.

Depuis plusieurs semaines, le député LRM écologiste Matthieu Orphelin pousse, avec des collègues, pour de nouvelles mesures sociales orientées vers la transition énergétique. Il avait alerté le premier ministre à ce sujet dès cet été. Dans un courrier en date du 17 juillet, que Le Monde a pu consulter, il proposait la mise en place d’une prime « mobilité travail » exceptionnelle et transitoire à destination des territoires ruraux et périurbains, prime qui ne serait versée que les années où le cours du baril de pétrole est élevé et fait grimper les prix des carburants. « Cette mesure permettrait de répondre au sentiment exprimé par certains d’être oubliés par le gouvernement, tout en maintenant notre trajectoire ambitieuse sur la fiscalité écologique », écrivait-il alors au premier ministre.

Au sein de la majorité, certains estiment que l’exécutif n’a pas été assez ouvert et à l’écoute de leurs remontées de terrain. Dans leur viseur en particulier, le premier ministre, Edouard Philippe. « Nous ne pouvons laisser notre pays partir dans le chaos. Les députés LRM ont fait remonter les alertes et propositions, il faut que le premier ministre les écoute. Il y a urgence à ouvrir le dialogue et à donner des solutions immédiates », a tweeté dimanche matin la députée LRM de la Meuse, Emilie Cariou, qui fait plutôt partie des voix de gauche au sein de la majorité.

« Matignon n’a pas d’antennes ! »

« Matignon est trop dur », confiait aussi au Monde, vendredi matin, un autre député venu du Parti socialiste (PS). Les élus ont assez peu goûté qu’Edouard Philippe ne saisisse pas immédiatement la main tendue par Laurent Berger, le patron de la CFDT, qui appelait dès les premiers jours du mouvement des « gilets jaunes » à une grande conférence pour construire un pacte social de la conversion écologique. « C’est dire si Matignon n’a pas d’antennes ! », peste ce député francilien.

« Céder à la stratégie du bouc émissaire serait une solution de facilité. Cela me semble petit bras et surtout à côté de l’importance du sujet », fustige, cependant, Florent Boudié, également issu des rangs du PS. « On est solidaires des réformes et d’un gouvernement qui n’a pas d’interlocuteur. Sur chaque rond-point, il y a une revendication différente », insiste aussi Sylvain Maillard.

Alors qu’Emmanuel Macron a annoncé, mardi, le lancement d’une grande concertation nationale sur la transition écologique, à l’échelle locale, certains députés LRM prennent les devants. Dimanche midi, la députée de Paris Anne-Christine Lang a annoncé que les élus macronistes à la Mairie de Paris lançaient également une concertation dans les arrondissements de la capitale avec les acteurs locaux, les associations et les syndicats.


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