François Boulo, l’avocat de la cause des « gilets jaunes »

Politique

A 32 ans, ce porte-parole mobilisé à Rouen est devenu une des figures médiatiques du mouvement qui a commencé en novembre 2018.

Contre toute attente, quand début février Eric Drouet, figure centrale des « gilets jaunes », a demandé dans un sondage Facebook aux membres du mouvement qui les représenterait le mieux à la télévision, ce n’est pas son nom qui est arrivé largement en tête, mais celui de François Boulo. L’avocat, âgé de 32 ans, mobilisé à Rouen, doit sa popularité à une vidéo dans laquelle il appelle à la grève générale illimitée. Publiée mi-janvier par le site Le Média, elle a été vue près de deux millions de fois.

Son histoire avec les « gilets jaunes » a commencé le 17 novembre 2018. En faisant son footing, il tombe sur des manifestants mobilisés sur le rond-point de la Motte à Rouen. Il y reviendra quotidiennement. « Au départ, ils me prenaient pour un type des RG, ou un journaliste, raconte-t-il. Quand ils ont su que j’étais avocat, ils se demandaient ce que je faisais là. » Fines lunettes en écaille, ton précieux, ce fils d’un chef de PME, qui se qualifie volontiers de CSP +, reconnaît qu’il est loin du profil type de ceux qui protestent depuis trois mois.

« Mais je viens d’une famille gaulliste sociale où il n’y a jamais eu de mépris de classe. Mes parents n’ont pas le bac, souligne-t-il. Quand les “gilets jaunes” ont vu que j’étais sincère, que je prenais du temps pour être avec eux, ils m’ont fait confiance : la fracture entre nous s’est réduite instantanément. »

Or justement, pour lui, le défi est de « réunir les gens pour mettre fin aux fractures ».C’est là qu’il estime que son profil atypique peut lui permettre de jouer un rôle particulier : rompu aux codes bourgeois,éloquent, mesuré, il espère rassurer « la classe moyenne supérieure » et la convaincre « qu’une transformation est possible », que ce chaos dont ils ont peur, « c’est Macron qui est en train de le créer ».

Conscients qu’il serait mieux armé qu’eux pour se battre dans l’arène médiatique, les « gilets jaunes » de trois ronds-points de Rouen ont choisi de lui donner un mandat, révocable à tout instant, pour porter leur parole. « Je défends mes convictions, qui sont en accord avec le mouvement », précise-t-il.

« Il faut déverrouiller ça »

En un mois d’interviews, on l’a entendu citer Victor Hugo – « C’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches » –, dire son intérêt pour les travaux de l’historien Emmanuel Todd et des économistes Jacques Sapir et Frédéric Lordon, demander des peines plancher pour les évadés fiscaux, et filer souvent la même métaphore : « On nous explique depuis quarante ans que la richesse est constituée par un gâteau et que la seule manière d’améliorer la vie des gens est d’augmenter la taille du gâteau, car on ne peut pas changer la clé de répartition, les très très riches en prenant une moitié, et le reste de la population devant se partager l’autre. Mais aujourd’hui, avec les contraintes écologiques, nous ne pouvons plus augmenter le gâteau : la seule solution est de changer la répartition. »


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