Expédition de l’extrême : l’heure du bilan

Environnement

Cette fois, on peut le dire : ils l'ont fait. À La Rinconada (Pérou), les chercheurs de l'Expédition 5300 sont allés au bout de leurs objectifs scientifiques. Et ils ont rapporté avec eux une mine de données qui ne demandent plus qu'à être exploitées. De quoi espérer mieux comprendre les mécanismes qui permettent au corps humain de s'accommoder de conditions d'hypoxie extrême.

Il y a quelques jours, les chercheurs engagés dans l'Expédition 5300 ont plié leurs bagages. Après deux semaines passées à La Rinconada (Pérou), la ville la plus haute du monde, c'est l'heure du bilan. Les organismes sont éprouvés. Et tous attendent maintenant avec un peu d'impatience de pouvoir enfin respirer à nouveau normalement.

«?Nous sommes marqués. Physiquement, car nos organismes ont subi l'hypoxie. Mais humainement aussi?», raconte Samuel Vergès, responsable de l'expédition. «?Nous avons débarqué à La Rinconada avec nos moyens techniques et nos médecins et nous en sommes repartis en laissant sur place une population en demande de soins. Une population qui souffre tous les jours de conditions de vie extrêmes, poursuit le chercheur de l'Inserm, une pointe de regret dans la voix. «?Nous avons vécu une aventure incroyablement riche?», confirme Aurélien Pichon, physiologiste, le souffle court et le regard débordant d'émotions.

Une expérience humaine extrêmement riche

Alors, avant de quitter le sol péruvien, Samuel Vergès a tenu à poser, avec les instances locales, les premières bases d'une nouvelle mission. Une mission sur le long terme, cette fois. Son rêve : établir à La Rinconada un dispensaire qui garantirait à la population le suivi médical dont elle manque, offrir aux étudiants en médecine péruviens une formation appropriée et poursuivre, en parallèle, les travaux de recherche initiés par l'Expédition 5300.

Une mine de données à exploiter

En attendant, les cartons se préparent et les chercheurs partagent également volontiers leurs dernières appréhensions. «?Ces quelques tubes représentent beaucoup de travail et j'espère que tout arrivera à bon port en France, sans que cela dégèle?», confie Emeric Stauffer, médecin spécialiste du sommeil. Et ce mercredi 13 mars 2019, s'il reste encore quelques échantillons à rapatrier de Lima, les principales inquiétudes sont levées.

«?Même si nous avons connu quelques déboires sur place, tout est bien qui finit bien. Ne reste plus qu'à exploiter maintenant les éléments que nous avons rapportés?», indique Samuel Vergès. Dans un premier temps, ce sont les données cardiovasculaires, de réponse à l'effort et de tests du sommeil qui seront passées au crible. Et en parallèle seront menées quelques analyses biologiques. Mais il faudra sans doute plusieurs mois - et encore quelque 150.000 euros de financement - pour venir à bout des études.

«?Nous espérons de premières publications avant la fin 2019?», précise le chercheur de l'Inserm. Des résultats attendus par la communauté scientifique, mais aussi - et peut-être surtout - par les habitants de La Rinconada. «?En matière d'adaptation à l'hypoxie, nous avons pu observer des différences individuelles importantes. Certains sont victimes d'insuffisance cardiaque. D'autres doivent même quitter la ville pour redescendre en altitude. Ils gardent pourtant de sérieux problèmes de santé. Et il y a aussi ceux qui, dans nos pays, souffrent de maladies respiratoires. Nous espérons vraiment pouvoir leur apporter des réponses concrètes?», conclut Samuel Vergès.

Ce qu'il faut retenir
  • Pour l’Expédition 5300, le bilan est positif.
  • Les organismes des chercheurs ont été mis à rude épreuve, mais l’aventure humaine a fait oublier toutes les difficultés.
  • Restent, aujourd’hui et pour les mois à venir, des tonnes de données à analyser pour enfin mieux comprendre les effets de l’hypoxie sur le corps humain.

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