Dans 140 ans, il y aura autant de CO2 dans l’atmosphère que lors du dernier réchauffement climatique majeur !

Environnement

Si rien n'est fait, l'humanité pourrait bien être sur le point de battre un record qui tient depuis presque 60 millions d'années. Celui de la quantité de CO2 présente dans notre atmosphère. Un record qui pourrait avoir de lourdes conséquences sur la vie sur Terre.

Il y a environ 56 millions d’années, notre planète passait d'une époque géologique à une autre : du Paléocène à l'Éocène. Elle vivait un événement de réchauffement climatique particulièrement rapide et important que les spécialistes ont baptisé le maximum thermique du Paléocène-Éocène (PETM). Pour des raisons qui restent encore à déterminer avec certitude, d'énormes quantités de dioxyde de carbone (CO2) ont alors été libérées dans l'atmosphère. Résultat : une forte augmentation des températures mondiales. Ainsi, au cours du PETM, la température moyenne a atteint un sommet d'environ 23 °C, soit quelque 7 °C au-dessus de la moyenne actuelle.

Pour en arriver là, les chercheurs estiment qu'entre 3.000 et 7.000 gigatonnes de carbone ont dû être accumulées dans l'atmosphère sur une période comprise entre 3.000 et 20.000 ans. Des estimations qu'ils tirent de l'analyse de carottes de sédiments océaniques montrant des modifications sur les minéraux carbonatés au cours de cette période.

Aujourd'hui, une étude menée par des chercheurs de l'université du Michigan (États-Unis) révèle que l'humanité rejette, dans l'atmosphère, 10 fois plus de CO2 que ce que la Terre faisait lors du PETM. Si rien ne change, les émissions totales de CO2 d'origine anthropique pourraient égaler celles observées à ce moment-là dès 2159. « Cela peut vous sembler loin, mais cela ne représente que quatre générations », remarque Philip Gingerich, chercheur à l'université du Michigan. Et elles pourraient atteindre le maximum des émissions estimées pour le PETM en 2278.

Au cours du PETM, les chercheurs pensent que les pôles étaient libres de glace et que l’Arctique abritait palmiers et crocodiles. © Quangpraha, Pixabay, CC0 Creative Commons

Au cours du PETM, les chercheurs pensent que les pôles étaient libres de glace et que l’Arctique abritait palmiers et crocodiles. © Quangpraha, Pixabay, CC0 Creative Commons

Des conséquences difficiles à prévoir

Les scientifiques utilisent souvent le PETM comme référence au changement climatique moderne. « Mais les taux de rejet que nous enregistrons aujourd'hui sont sans précédent, déclare Gabriel Bowen, un géophysicien de l'université de l'Utah aux États-Unis. Dans le passé, les exemples sont rares sur lesquels nous pouvons nous appuyer pour comprendre comment le monde va réagir. »

Au cours du PETM, l'augmentation combinée du taux de CO2 dans l'atmosphère et des températures a provoqué une extinction majeure du côté des organismes vivant dans les profondeurs des océans. Elle a aussi rendu les animaux terrestres plus petits et les a poussés à migrer vers le nord. Mais la rapidité avec laquelle se produit le réchauffement actuel pourrait changer la donne.

Par ailleurs, le climat d'aujourd'hui part d'une base plus froide que celui qui prévalait lors du PETM. Et les espèces qui peuplent la Terre sont bien différentes. «?Ce que nous savons toutefois avec certitude, c'est qu'un réchauffement majeur ne peut qu'avoir d'importantes conséquences sur de nombreuses espèces, y compris la nôtre?», alerte Larisa DeSantis, une paléontologue de l'université Vanderbilt. D'autant qu'il faudra au système Terre, plusieurs milliers d'années pour retrouver ensuite un climat plus classique.

Ce qu'il faut retenir
  • Il y a 56 millions d’années, lors du maximum thermique du Paléocène-Eocène (PETM), au moins 3.000 gigatonnes de carbone se sont accumulées dans l’atmosphère.
  • Du fait des émissions anthropiques, cette quantité de CO2 pourrait être atteinte dans 140 ans seulement.
  • La vie sur Terre pourrait s’en voir bouleversée.

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