Comment Internet a changé la Généalogie

Internet

La Toile a permis aux généalogistes de mutualiser leurs travaux et de coordonner leurs recherches, grâce à la numérisation par les administrations et par des bénévoles. Ces derniers mènent un énorme et patient chantier de mise en ligne.

Pendant des siècles, faire de la généalogie supposait de parcourir et de rédiger des montagnes de papier. L’informatique a transformé cette pratique, lentement d’abord, puis à grande échelle avec Internet, en permettant aux chercheurs d’échanger entre eux.

Echanges utiles pour gagner du temps parce qu’en remontant nos ascendants, nous nous trouvons forcément des parents communs avec d’autres. «  Nous sommes tous cousins  » est une affirmation – et une réalité – connue des généalogistes  : neuf Français sur dix descendent de Charlemagne, ou encore un sur dix de Saint Louis (et par sa mère Blanche de Castille, peut-être de Mahomet – une hypothèse controversée). Même Sarkozy et Hollande sont cousins.

Du Minitel à Internet

Dans les années 1980, François Lerebourg, aujourd’hui directeur de CDIP, une entreprise qui édite le premier logiciel de généalogie en France, Généatique, est lycéen. Avec son père et son frère, il réalise un petit programme de gestion de fichiers  : nom, prénom, date et lieu de naissance et de décès, lien de parenté.

La famille s’en sert pour sa propre généalogie, sur un ordinateur Sinclair ZX81, puis le réécrit pour un Apple II. Arrive le Minitel, et les Lerebourg discutent dans des forums avec des clubs de généalogie qui commencent à y déposer la liste des actes (état civil et autres) qu’ils possèdent.

François Lerebourg et sa famille créent une association pour diffuser leur logiciel, d’abord gratuit puis payant.

Suivent de nouvelles versions, sous MS-DOS puis Windows, avec toujours la possibilité d’importer et exporter des fichiers au format Gedcom  : développé par les Mormons (qui ont en copie 70 % des états civils français, qu’ils ont microfilmés pour leurs baptêmes posthumes), ce format permet d’échanger des données et ainsi de chercher des ancêtres communs (toujours le «  tous cousins  »).

En 1993, l’association familiale devient une entreprise qui, en 2016, compte 16 salariés, et des dizaines de milliers de personnes utilisant une des versions de Généatique – le prix varie selon le nombre de personnes maximum (de 25 euros pour 500 personnes à 85 pour 1 500 personnes et 130 euros en illimité).

Au milieu des années 2000, le logiciel intègre les photos, pour illustrer fiches individuelles et arbres. En 2015 il se dote de géolocalisation (une carte présente les événements choisis – morts, naissances, mariages...). Il existe maintenant une version mobile (on peut modifier les données et les voir depuis un smartphone ou une tablette).

Geneanet et ses 3 milliards de noms

Lancé en 1996 par des mordus d’histoire familiale, un site français a grandi comme un forum géant entre généalogistes. Né d’abord comme un lieu d’échanges de listes éclair (liste des noms et dates associées étudiés par un généalogiste), Geneanet est devenu un vaste site de publication et de travaux partagés.

Il compte 2 millions de membres, 700 000 arbres généalogiques et plus de 3 milliards de noms d’ancêtres collectés. Le site propose plusieurs niveaux  : 

  • les visiteurs ;
  • les inscrits, qui peuvent créer en ligne leur arbre ou chercher dans ceux des autres (lorsqu’ils ont choisi de le rendre public) ;
  • les inscrits premium (45 euros par an) – ils représentent 80 % des revenus du site – qui accèdent aux collections des données listées par des cercles généalogiques partenaires et des sources de particuliers.

Initialement, nous raconte Christophe Becker, directeur de Geneanet, l’entreprise pensait qu’elle se financerait par la publicité  : en fait, elle ne représente que 2-3 % du chiffre d’affaires, et sa suppression est même envisagée.

«  Le Google de la généalogie  »

Le site a agrégé une montagne de données  : sur les 3 milliards d’individus qui y sont répertoriés (il y aurait eu 50 à 200 milliards d’humains depuis nos débuts), un tiers vient des arbres des membres de Geneanet, et deux tiers des données que l’entreprise a indexées depuis 20 ans.

Un algorithme récupère par exemple dans Gallica, la bibliothèque numérique de la BNF, les noms de personne et leurs dates de vie. Une collecte qui illustre l’ambition de Geneanet, être « le Google de la généalogie ».

Quid alors des données familiales entrées par les inscrits  ? Christophe Becker répond  : «  A la différence de beaucoup de sites anglo-saxons, qui deviennent copropriétaires des données déposées, nous n’avons qu’un droit d’usage – pour que chacun puisse chercher ses ancêtres dans les arbres des autres par exemple. Et si un membre ferme son compte, nous ne gardons aucune donnée.  »

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