Christian Jacob élu président des Républicains dès le premier tour

Politique

Favori des ténors de la droite, le député de Seine-et-Marne a recueilli 62,58 % des suffrages des adhérents du parti, devant Julien Aubert et Guillaume Larrivé.

L’heure est au soulagement pour l’establishment des Républicains : l’actuel président du groupe LR à l’Assemblée, Christian Jacob, a été élu président du parti dès le premier tour, dimanche 13 octobre, sans que ses deux adversaires, les députés Julien Aubert et Guillaume Larrivé ne parviennent à se hisser à un second tour.

La nouvelle est tombée, annoncée par le président de la Haute autorité Henri de Beauregard : 62,58 % pour Christian Jacob. Sous réserve d’éventuelles réclamations d’ici la proclamation officielle mercredi, «M. Christian Jacob sera donc proclamé élu ». Le député du Vaucluse Julien Aubert réunit 21,28 % des suffrages, le député de l’Yonne Guillaume Larrivé 16,14 %. 

Pour Christian Jacob, ces 62,58 % sonnent comme un pari gagné. Après des remerciements aux militants qui « se sont exprimés en grand nombre et dans la clarté », ce dernier a félicité ses concurrents « ils auront évidemment toute leur place dans l’équipe dirigeante », eu une « pensée émue » pour son mentor, Jacques Chirac, et lancé une mise en garde.

« Chacun sait la difficulté de remettre sur les rails notre mouvement qui depuis sept ans a vécu tant de périodes critiques. Nous n’y parviendrons que si tous acceptent clairement de mettre leurs ambitions personnelles et leurs egos de côté pour se consacrer exclusivement à la préparation de notre projet d’alternance au macronisme. »

« Rendez-vous aux municipales », a-t-il ajouté, « ce sera un moment de vérité entre le macronisme et le lepénisme d’un côté, et nous de l’autre ». Parmi ses priorités : restaurer l’autorité de l’Etat, lutter contre « le poison du communautarisme et de l’immigration incontrôlée », mais aussi sur un versant social, « combattre la paupérisation des classes moyennes et des retraités ».

Aucune contestation du résultat

Ses soutiens ont salué un résultat clair, lui donnant les moyens d’œuvrer au rassemblement qu’il appelle de ses vœux. « La victoire de Christian Jacob dans ces conditions, avec une belle mobilisation, va nous permettre de reconstruire sereinement notre famille politique », a déclaré, rue de Vaugirard à ses côtés, le député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti. Le député du Loir-et-Cher Guillaume Peltier, qui avait un temps songé à se présenter avant de se rallier au chiraquien, a noté pour sa part : « La loyauté, en ces temps troublés, ça compte. »

Du côté des candidats malheureux, aucune contestation du résultat. Julien Aubert, qui a passé la soirée dans sa circonscription à Carpentras, lui a adressé ses félicitations, tout en se disant « fier de [son] résultat et d’avoir fait renaître nos idées ». Guillaume Larrivé, après avoir adressé à Christian Jacob ses félicitations républicaines, a évacué les questions sur un éventuel poste dans le nouvel organigramme : « Je ne demande rien, je suis un homme libre. »

Pour l’éternel second, ancien syndicaliste agricole fidèle à l’extrême aux chefs successifs du parti en commençant par Jacques Chirac dans les années 1990, la mue en dirigeant de la formation ne va pas de soi. « Je n’y vais pas le pistolet sur la tempe, les mains dans le dos, j’y vais parce que j’ai envie », se justifiait en juin celui qui brandit en étendard son absence d’ambition présidentielle et ses talents de rassembleur pour assurer la survie de LR jusqu’aux prochaines élections présidentielles. Sa campagne a été l’occasion d’un léger dépoussiérage : Christian Jacob, jusqu’alors absent du réseau social, a investi Twitter pour l’occasion.

Comme ses concurrents, il s’est consacré, depuis le lancement fin août de la campagne officielle, à un patient tour des fédérations composé d’une quarantaine d’étapes. A ce jeu-là, le président de groupe a souvent été favorisé par les ténors locaux et ses 122 parrains parlementaires, qui ont mobilisé leurs troupes pour remplir les salles. Les militants, parfois désorientés par l’absence de figure de « chef » dans cette élection, ont finalement fait le choix d’un fidèle à l’histoire du parti, plutôt qu’aux deux députés quadras qui se proposaient d’incarner la rupture, le retour à une ligne plus droitière pour Julien Aubert, nostalgique du RPR, une droite libérale et nationale pour Guillaume Larrivé.

Le défi des investitures pour les municipales

Pour un parti qui a vu ses troupes fondre au fil des défaites électorales, la participation était une composante clé. Elle aura été honorable : sur 130 000 adhérents, 62 401 (47 %)ont participé au scrutin. A titre de comparaison, lors la dernière élection interne de décembre 2017, Laurent Wauquiez avait été adoubé avec 74,6 % des suffrages exprimés et une participation d’à peu près 100 000 adhérents sur 260 000 (42,5 %).

Plusieurs défis attendent l’ancien maire de Provins. D’abord préserver aux prochaines élections municipales le trésor de guerre d’élus locaux acquis lors de la vague bleue de 2014. En ce domaine, il sera appelé à trancher des investitures polémiques qui menacent de diviser sa famille politique, notamment à Marseille (Bruno Gilles et Martine Vassal) et à Nice (entre le maire sortant Christian Estrosi et son rival Eric Ciotti) ou encore Paris où Rachida Dati ne fait pas l’unanimité.

Au niveau interne, le président de groupe entend « proposer très rapidement une équipe dirigeante renouvelée qui fera une place significative aux élus des territoires ». Le bureau politique, plus large, sera lui renouvelé après les municipales, a-t-il précisé. En outre, quelques figures jeunes semblaient espérer de ce scrutin une promotion, comme par exemple le député du Pas-de-Calais Pierre-Henri Dumont, assidu à ses côtés pendant la campagne. A l’Assemblée, Christian Jacob devra choisir, en premier lieu sur son départ, immédiat ou non, de la présidence du groupe. « Ce n’est pas tenable dans la durée de faire les deux », estimait-il avant l’élection, mais certains, dans les starting-blocks pour le remplacer, redoutent la longueur de la transition.

Plus largement, il lui reviendra de sortir la droite de l’ornière dans laquelle elle est tombée depuis l’élection d’Emmanuel Macron, piégée entre un parti majoritaire dont l’action convient à nombre de ses anciens électeurs et le Rassemblement national, qui monopolise, à l’extrême droite, le vote d’opposition.

Et de contenir les défections, à l’heure où deux nouveaux départs ont émaillé le week-end : l’ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin, après avoir soutenu la liste de LRM aux européennes, a annoncé au « Grand Jury » RTL/Le Figaro/LCI, qu’il allait « évidemment » quitter le parti en ne renouvelant pas sa cotisation. Et dans l’Hérault, le sénateur Jean-Pierre Grand s’en va lui aussi, citant « une opposition déraisonnable, un discours de jour en jour plus droitier, des rapprochements assumés avec l’extrême droite dans mon département ». Pour faire mentir ces critiques et redorer le blason de la droite républicaine, la pente s’annonce raide.


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