Charles Aznavour, le plus américain des chanteurs français

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Charles Aznavour, décédé lundi, a été l’ambassadeur mondial de la chanson à texte française. Un soir de 1963, il a conquis le public de New York et les oreilles de Bob Dylan, et n’a cessé ensuite de lorgner sur les États-Unis.

À l’annonce de la mort de Charles Aznavour, lundi 1er octobre, une collègue américaine lève le nez de son écran. "Vous saviez qu’Aznavour a écrit 'She' ?!" Elle est trop jeune pour avoir connu ce tube lors de sa sortie en 1972, et quand il était numéro 1 des hit-parade britannique et australien. Mais sa reprise par Elvis Costello en 1999 avait donné la touche chamallow à l’ouverture de la comédie sentimentale "Coup de Foudre à Notting Hill" et bercé des millions d’adolescents en mal de romantisme.

Voilà quel monument international était Charles Aznavour. Ce même Aznavour qui incarne dans l’Hexagone un savoir-faire de la chanson française, une diction qui roule les "r", une voix placée dans le nez, des notes en appogiatures, des textes bien ficelés et soutenus par un orchestre à cordes, ce même Aznavour a connu une gloire internationale, comme peut-être seule Édith Piaf avait rencontrée avant lui.

Son récital de 1963 au Carnegie Hall de New York, temple du bon goût et de la musique classique, donne la mesure de cette aura mondiale. Charles Aznavour a percé sur la scène marocaine une décennie plus tôt, puis dans les salles de concert parisiennes, après des années d’indifférence du public. La maison de disque Barclay a signé un contrat avec lui en 1960. Il a triomphé à l’Alhambra avec "J’me voyais déjà", qu’il chante tout en défaisant sa cravate et en ôtant sa veste, et termine dos au public. Le voici à New York pour assumer un frenglish avec une pointe d’accent. "Formidable" fait mouche auprès du public américain.

Ce soir de mars 1963 au Carnegie Hall, Bob Dylan se trouve dans la salle – il y a été amené par un ami français. Quelque quatorze années plus tard, Dylan dira dans une interview au magazine Rolling Stone : "J’aime énormément Charles Aznavour. Quand je l’ai vu au Carnegie Hall dans les années 1960, j’ai été stupéfait ("he blew my brains out")". Dylan reprend en 1998 "Les bons moments" en concert, et parle de cette chanson comme d’"un air qu’il aime bien se chanter à lui-même".

Aznavour était pour les Américains le Franck Sinatra français, et cette comparaison avec la voix de crooner par excellence devait bien lui plaire, lui qui s’était senti maintes fois rejeté dans ses premières années de scène pour son timbre et sa petite taille. Comme Franck Sinatra, il s’entourait des meilleurs musiciens de jazz, que ce soit aux États-Unis – il enregistre avec le célèbre Clayton Hamilton Jazz Orchestra – ou en France, où il noue de longs compagnonnages avec des musiciens de jazz, dans les pas de Claude Nougaro.

Aznavour s’est certes abreuvé de jazz américain et de chansons françaises – Maurice Chevalier, Édith Piaf, Charles Trenet ont compté parmi ses mentors – mais sa plus grande source d’inspiration est peut-être la musique tzigane, celle portée par les musiciens caucasiens et russes qui passaient dans le restaurant parisien tenu par son père et sa mère. Le succès de "Deux guitares", il le doit d’ailleurs à une chanson connue en Russie, créée sur les vers du poète du XIXe siècle Apollon Grigoriev.

L’anglais, mais aussi l’espagnol, l’italien, l’allemand… en tout, une quarantaine d’albums ont été enregistrés en huit langues et les tournées internationales l’ont mené de l’Amérique du Sud à l’Asie.

Lui qui aurait pu grandir aux États-Unis si ses parents ne s’étaient pas décidés à s’établir à Paris pour attendre leur visa et la naissance de leur deuxième enfant, a son étoile qui brille sur le Walk of Fame de Hollywood et une comédie musicale à l’affiche de Broadway. Une belle revanche pour un fils d’immigrés arméniens qui rêvaient de la conquête de l’Ouest.


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