Céline Tran : "Quand j'ai abandonné Katsuni, on m'a dit que je m'étais suicidée"

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Plaisir, exhibition, consentement, sanction sociale, Céline Tran revient dans une autobiographie sur ses 13 années dans le porno, sur le pseudo de Katsuni. Rencontre.

De toutes les photos qui défilent sur l’écran de son portable, c’est celle dont elle est la plus fière. Ça se passe en novembre 2012 à Paris, lors d’une soirée dédiée à la littérature érotique. À sa gauche, on voit Bernard Pivot, le président de l’Académie Goncourt. On pense à l’enfant qu’elle était et qu’elle nous a décrite deux heures avant.

Céline Tran – 38 ans aujourd’hui, dont 13 passés dans le porno sous le pseudo de Katsuni – a grandi dans une famille franco-vietnamienne stricte. Son père la voyait à Sciences Po, elle se rêvait "écrivain ou poète". Seulement voilà, à 15 ans, elle n’avait "pas grand-chose à raconter". Aujourd’hui, elle publie "Ne dis pas que tu aimes ça" chez Fayard, une autobiographie en forme de journal, dans laquelle elle parle aussi bien du strip-tease puis du porno, mais aussi de sa nouvelle vie, cinq ans après avoir quitté le milieu.

Depuis, elle est apparue dans des productions grand public ("Le Visiteur du Futur", "Jailbreak") ainsi qu’aux scénarios d’une série de comics ("HeartBreaker"). Passionnée d’arts martiaux (elle a une chaîne YouTube dédiée) et de cinéma coréen, Céline Tran est désormais auteure et co-directrice de collection chez Glénat.

Avec elle, on a parlé de son arrivée le porno, du concept de liberté, de la pudeur, du consentement et de sa vie d’après, qu’elle décrit comme un "redémarrage". Elle a proposé qu'on se tutoie.

Rue89 : On est dans une boîte de nuit, tu es en première année à Sciences Po Grenoble et sur un podium, une gogo-danceuse te fascine. Elle s’appelle Stella. Tu écris : "Je veux comprendre comment elle fait pour être libre avec elle-même, face aux autres." À cette époque-là, qu’est-ce cette femme a de plus que la jeune étudiante que tu étais ?

Céline Tran : Avec le recul que j’ai aujourd’hui, elle n’avait rien de plus que moi. Sauf qu’à ce moment de l’histoire, je suis persuadée qu’elle a tout : la beauté, l’assurance, la maturité, le pouvoir de séduction. Je suis une fille timide, mais je suis fascinée par la liberté qu’elle se donne et je n’ai pas du tout conscience que c’est à ma portée. Quand j’ai vu ces filles, j’ai pensé que c’était des pétasses. Seulement je me suis remise en question et je me suis demandé pourquoi je leur en voulais ? Qu’est-ce qui me dérangeait chez elles ? J’ai fini par admettre que finalement, quelque part, je les enviais. Mais ce qui me faisait envie, ce n’était pas d’être en string sur un podium, c’était de m’autoriser à le faire.

Peu de temps après cette rencontre, tu prends un train pour la Suisse où tu as rendez-vous avec un agent de gogo-danceuses et tu fais tes premières dates. Est-ce que tu as l’impression de te mettre en danger ?

Pour moi, le risque que je prends à ce moment-là, c’est celui d’être ridicule et je trouve ça fascinant. Ça a à voir avec l’ego, l’image qu’on donne aux autres. Leur regard et leur jugement. Je n’ai pas peur d’être ridicule, parce que j’ai le sentiment d’être la seule à pouvoir dire si je le suis ou pas.

Bien sûr, tu peux être convaincue de ta performance et être mauvaise à la fin, mais je crois que c’est ce que les gens envient. C’est le fantasme de la rockstar, mais aussi celui de la pornstar : cette personne n’est pas forcément belle, pas forcément douée, mais elle s’autorise à faire ce qu’elle aime à fond.

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