Cannabis : « Les bourges font tourner le business »

Politique

Près des beaux quartiers, les cités des Hauts-de-Seine sont une terre fertile pour le trafic de stupéfiants.

La petite vingtaine, tout en cheveux, les mains dans les poches d’un jean qui lui colle aux jambes, des écouteurs vissés aux oreilles, il a été repéré à la sortie de la station de tramway Victor-Basch, au cœur du quartier populaire du Petit Colombes, dans les Hauts-de-Seine. Pas besoin d’être un pro du business pour comprendre que le garçon a ses habitudes dans le coin.

« On les voit venir à vingt bornes les p’tits gars comme lui, y a qu’à voir leurs fringues, commente un habitant. Ici, c’est un quartier cosmopolite et pas riche, ils n’ont aucune raison de venir ici à part acheter de la drogue. » Stanislas (le prénom a été modifié) arrive tout droit de Puteaux et sait manifestement où il va. « Hop hop hop, regardez-le, et voilà… direct vers les Côtes-d’Auty, l’un des plus gros points de vente du coin », se marrent deux copains du quartier, 20 ans, assis sur un banc aux abords de l’arrêt du tramway, en suivant du regard Stanislas.

Le département des Hauts-de-Seine figure historiquement parmi les territoires les plus touchés par la consommation et le trafic de stupéfiants. Sa position géographique en fait une terre fertile pour le deal : il longe les quartiers les plus riches de la capitale et abrite plusieurs villes parmi les plus nanties d’Ile-de-France, comme Neuilly-sur-Seine, Boulogne-Billancourt, Levallois-Perret ou encore Issy-les-Moulineaux. Là où se logent les meilleurs clients, comme Stanislas.

« Des pauvres des quartiers, il y en a qui achètent, bien sûr, mais le gros du chiffre d’affaires ne vient pas d’eux, tout le monde le sait, commentent les deux copains du Petit Colombes qui jurent – un sourire en coin – ne pas vendre. Les gens passent leur temps à montrer les jeunes de banlieue du doigt, maisils oublient de rappeler que ce sont les bourges qui font tourner le business ! » Publiée en février 2017, l’enquête sur les « Usages de drogues des adolescents à Paris et en Seine-Saint-Denis », menée par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), avait révélé que les jeunes de l’Ouest francilien, Parisiens inclus, étaient bien plus nombreux à consommer des substances psychoactives que ceux résidant en Seine-Saint-Denis et dans le reste de la région.


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